A la découverte de Lima

A la découverte de Lima

Nous avons été très chanceuses à notre arrivée au Pérou. Jo, ami d’enfance de Marion, est venu nous chercher. Nous avons prévu de parcourir l’Amérique Latine ensemble. Avec seulement 4h de sommeil , ça nous a bien facilité les choses !

Pas évident de décrire nos premières impressions. Ce qui nous a le plus marqué: le capharnaüm de la circulation, anarchique au possible. C’est à celui qui force le plus le passage qui gagne, et quand nous disons forcer, c’est peu dire. Jamais nous ne conduirons ici, c’est l’accident assuré !

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Nous regardons le paysage, les yeux grands ouverts : les marchands ambulants slaloment entre les bus, les combis (un genre de mini bus pas cher et toujours ultra bondé), les taxis, les voitures… Aux abords, tantôt des immeubles très chics bardés de barbelés, tantôt des maisons faites de bric et de broc. L’ordre ne fait pas la loi ici. Les panneaux publicitaires sont énormissimes, il y en a PARTOUT ! Évidemment, la pauvreté nous saute déjà aux yeux (et au cœur). Pourtant, nous sommes loin d’avoir tout vu, nous affirme Jo. Quelques jours plus tard, nous ne pouvons qu’acquiescer.

Nous longeons pendant quelques minutes le Pacifique, les vagues sont gigantesques et partent de très loin. Notre chauffeur de taxi (ultra sympa) nous fait observer les dauphins qui sautent près de la côte. Nous regardons la tête collée à la vitre, émerveillées, même si nous ne pouvons nous empêcher déjà de penser à l’envers du décor et aux eaux usées de la ville qui se déversent intégralement dans cet océan…

Comme prévu, un épais brouillard enveloppe la ville. Le ciel est toujours gris, mais les températures sont clémentes : entre 15 et 20 degrés. Nous avons prévu de rester quatre jours dans cette capitale impressionnante (11 millions d’habitants, 1/3 de la population péruvienne). Après avoir pris un petit déjeuner digne de ce nom (avec un jus de pastèque ultra frais), nous partons dans le centre en bus. Surprise: ici, une partie des transports publics est GRATUITE depuis 2013. La municipalité a encore beaucoup à faire mais pour le coup, nous leur tirons notre chapeau!

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Nous revoilà donc les yeux écarquillés (même s’ils piquent un peu avec la fatigue, le décalage horaire se fait sentir…). Beaucoup de tags, beaucoup de choses à regarder tant nous avons la sensation d’être dans une fourmilière, à la différence près que rien ne semble organisé. Autant la circulation ne semble respecter aucun code de la route, autant les péruviens sont très très respectueux de l’ordre de passage pour entrer dans les bus. Ils font tous la queue-leu-leu sagement et calmement, ce qui donne des files interminables. Les français devraient en prendre de la graine, nous nous imaginons en train de chercher à dépasser le précédent et encore celui d’avant, en pestant sur le temps d’attente. Là, rien à voir. Bon, il faut dire aussi que les bus s’enchaînent, mais quand même.

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Le centre de Lima est à l’image de ce que nous avons vu dans notre premier taxi: les belles maisons et les taudis s’alternent. Les personnes en costume-cravate croisent les plus pauvres sans états d’âme. Beaucoup de péruviens en habits traditionnels font de petits boulots (des cireurs de chaussures aux vendeurs ambulants), témoignant de l’exode rural qui, comme bien souvent, ne remplit pas les promesses d’un avenir meilleur. Des policiers et agents de sécurité de toutes sortes quadrillent les rues. A part ça, Lima ressemble à toute capitale : bondée de monde, polluée au possible, et vraiment bruyante (les klaxons ne s’arrêtent jamais). Les grandes chaînes mondiales de la malbouffe sont bien présentes : MacDo, Burger King et KFC à chaque coin de rue. Nous les évitons soigneusement et mangeons notre premier repas local, excellent (soupe pleine d’aromates, riz, viande et frites). Nous rentrons dans notre auberge de jeunesse bien fatiguées et nous nous endormons instantanément.

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Changement de décor

Le lendemain matin, réveil de bonne heure, notre premier reportage nous attend. Nous avons rendez-vous avec Abel, le directeur de l’association « Peruanos Sin Aguas ». Il va nous présenter les « atrapanieblas » installés dans les hauteurs d’un bidonville. Le taxi qui nous amène nous arnaque un peu sur le tarif, notre peau blanche nous trahissant bien trop (et dire que le prix a été négocié). Le bidonville est bien à l’écart du centre. Le décor change totalement, les belles maisons deviennent rarissimes. Nous nous sentons rassurées d’être accompagnées (après tout, c’est notre première sortie en dehors des sentiers battus). Après plus de 30 minutes de route, on change de transport pour un combi. Entre l’état du véhicule et celui des routes, on peut dire qu’on ressent bien les bosses…

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Nous montons de plus en plus en altitude et bientôt le brouillard devient tout autre. Nous poursuivons la route à pieds, ça grimpe dur mais la montée n’est pas si longue. La « neblina » (brume typique de ce lieu) fait que nous ne voyons plus à moins de 10 mètres. Nous sommes un peu stressées par les premières interviews, mais tout se passe très bien. Les « atrapanieblas » sont disposés un peu partout, récoltant l’eau de cette brume. Nous rencontrons les habitants qui en bénéficient. Mon espagnol n’est pas si bon que je le pensais, surtout avec l’accent du pays et le fait de devoir réfléchir en français par rapport aux interviews. Jo nous est d’une aide très précieuses et c’est peu dire. Les gens ici sont humbles et gentils. Nous ne nous sentons pas en insécurité mais peut-être est-ce dûe à la présence d’Abel, qui les connaît tous. Le paysage change du tout au tout, il devient plus vert, les cactus poussent partout mais pas seulement : fleurs, bananiers, aloe vera, plantations de toutes sortes.

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Les chiens errants sont nombreux et souvent en sale état. Les réserves d’eau (non potable…) dans de grandes citernes bornent chaque habitation. Les enfants vont piocher dedans avec leur mère à l’aide de grands seaux. Nous sommes dans un autre monde.

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Nous retournons en bas à pied, et pour cela nous traversons le deuxième plus grand cimetière du monde, après celui du Caire. Il s’étend à perte de vue, plein de couleurs. A notre plus grande surprise, nous observons des familles venues partager un instant avec leurs défunts : tout le monde se réunit le sourire aux lèvres autour des tombes pour faire un pique-nique. Les boissons sont posées à même les pierres tombales, les glacières non loin. L’aspect lugubre propres à nos mœurs est remplacé par une joie de partager ces instants de vie auprès des leurs. Nous restons étonnés par ces coutumes.

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Une fois le tournage terminé, nous retournons dans le centre de Lima. C’est étrange de revenir dans cet univers «civilisé » et bien propre où nous logeons ; beaucoup de contrastes d’un coup pour ce deuxième jour.

En mode « touriste »

Le lendemain, nous partons avec le chauffeur de taxi de l’auberge de jeunesse pour découvrir les alentours. Il nous fait de nouveau longer le Pacifique, mais sur une autre partie de la côte. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour prendre des photos des plages (bien grises).

Ensuite, nous allons rencontrer un gentil monsieur qui nous raconte une légende d’un homme mort de tristesse de voir sa bien aimée s’éloigner. La fin est tragique : il saute dans le Pacifique pour mettre fin à ses jours, et ce péruvien-acteur rejoue la scène. Il saute, accroché à une corde d’une falaise haute de 14 mètres, alors que les vagues viennent s’éclater violemment sur les rochers. Nous avons du mal à y croire mais si, il saute. Comme il nous l’explique ensuite, c’est sa manière de gagner sa vie auprès des touristes. La prouesse est belle mais comme il dit, il risque sa vie chaque jour. Nous sommes à la fois terrifiées et impressionnées. Nous partons ensuite visiter Pachacamac.

El templo del sol

Ces ruines se trouvent à une trentaine de kilomètres du centre de Lima.  Nous réalisons alors que la capitale péruvienne est construite sur un immense désert. En arrivant sur le site, nous sommes surprises par sa grandeur. Nous apprenons que seulement 20% des vestiges ont été découvert, les archéologues ont un superbe terrain de jeu pour des siècles ! Plusieurs temples sont extrêmement bien conservés grâce à l’aridité du climat. Au fil de la visite, notre guide nous fait remarquer des os humains (fémurs, mâchoires), cheveux….on comprend qu’on se situe en plein milieu d’un cimetière ! Au fil de cette excursion, nous nous rendons compte que la civilisation Inca était très puissante ! Les canaux d’irrigation n’avaient aucun secret pour eux, les constructions anti-sismiques non plus. Arrivées en haut de la colline, où se situe le grand temple du soleil, notre accompagnateur nous explique qu’il était possible de se balader dans ce dernier. Seulement, les divers groupes scolaires écrivaient sur les murs, du coup cela n’est plus possible : dommage ! Mais tant mieux… il est vrai que les nombreux prénoms et dates ont fortement endommagé ces pierres si anciennes.

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Demain, nous quittons Lima pour rejoindre Ica. Nous ne sommes pas mécontentes de quitter cette mégalopole, trop bruyante et polluée.

 

 

7 Responses to A la découverte de Lima

  1. Julie says:

    Et bien que d’aventures en si peu de jours! Continuez à partager vos ressentis c’est mon petit moment évasion 😉

  2. Hannah says:

    Quel plaisir de vous lire !! Je partage l’avis de Julie, ça donne l’impression de voyager avec vous. 🙂

  3. Vi says:

    Oui j’ai aussi l’impression d’y être!
    Merci pour les photos et vos beaux récits.
    Je vous embrasse très fort!

  4. Pascal says:

    le voyage est un retour vers l’essentiel ; proverbe tibétain
    A vous deux qui allez parcourir le monde, à la recherche de témoignages de populations pour qui le robinet n’existe pas, à la quête permanente de l’élément essentiel de la vie, l’eau.
    Oui, l’eau, c’est l’essentiel, et vous reviendrez de votre voyage plus fortes, votre regard occidental aura changé, mais nous, on continuera à vous aimer…
    Continuez cette écriture de votre récit, c’est bien enlevé, haletant, on a hâte de connaître le prochain épisode, comme dans les feuilletons TV. Ne nous faites pas attendre, car avec vous, nous voyageons aussi, et notre ciel s’éclaircit.
    bizzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz

  5. Sybille says:

    C’est très chouette de suivre votre aventure, les filles ! Je vous embrasse.

  6. Marie-Pierre says:

    Passionnant, en effet. Hâte de lire la suite…Bises de Belgique, où il tombe des cordes!

  7. Gérard says:

    Merci vous deux.

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