Grouillante Phnom Penh

Grouillante Phnom Penh

Nous arrivons à Phnom Penh en début d’après-midi. Changement d’ambiance radical ! Les conducteurs de tuktuk se jettent sur nous pour nous proposer leur service, des centaines de scooters klaxonnent dans tous les sens, au milieu des voitures et de quelques passants téméraires… Ça fourmille de partout ! Nous n’avons pas trop de plans logement, du coup nous suivons les conseils d’un conducteur de tuktuk et nous le laissons nous trouver une guesthouse, dans le centre, non loin du palais royal. Les prix dans la capitale sont assez élevés. Charlène marchande ferme. Le propriétaire baisse un peu son prix, et nous nous installons. La chambre est chouette, deux grands lits, une salle de bain privative et une terrasse qui donne directement sur la rue, parfaite pour observer l’animation citadine. Alors que les températures se décident à baisser doucement, nous allons nous balader sur les bords de la rivière, puis vers le marché de nuit. Nous programmons nos quelques jours sur Phnom Penh ; en effet, au-delà du voyage, nous sommes ici pour tourner la première partie du reportage sur les actions de la succursale de l’ONG 1001 fontaines au Cambodge : Teuk Saat.

Le lendemain matin, après avoir bu nos traditionnels cafés, nous partons visiter le palais royal et sa pagode d’argent. Malheureusement, arrivées devant, un conducteur de tuktuk (et oui, ils sont partout), nous apprend que le site est fermé entre 11h et 14h. Marion regarde l’heure, il est 11h10… Ça nous apprendra à ne pas vérifier les horaires sur le Lonely Planet.

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Un peu dépitées, nous passons notre chemin et décidons de faire un petit tour de la ville, afin de s’imprégner de son atmosphère. De premier abord, Phnom Penh s’avère être un beau bordel : circulation anarchique, détritus un peu partout, pauvreté immense. Pourtant, il fait bon de flâner dans le centre et d’y observer des scènes de la vie quotidienne, comme les barbiers qui prennent place chaque soir sur le trottoir en face de notre hôtel, ou les enfants rentrant de l’école. Le reste de l’après-midi, nous le passons dans notre chambre, à l’abri de la chaleur.

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En début de soirée, nous avons rendez-vous avec Dominique Dufieux, notre contact chez Teuk Saat, afin d’organiser notre tournage. Une fois le debriefing fait, nous nous donnons rendez-vous le lundi matin, à 10h, pour une journée entière de tournage.

Dimanche matin. Nous avons la journée pour visiter le fameux « killing fields » et le musée de la prison S-21, qui attestent des atrocités du régime des Khmers rouges. Nous avons eu la chance, dans l’une de nos premières guesthouses au Cambodge, de tomber sur le poignant récit de Loung Ung, D’abord ils ont tué mon père. Cette autobiographie nous a permis de bien saisir l’horreur qui a régné ici durant plus de quatre ans. Ce génocide a coûté la vie à plus de 1,7 millions de cambodgiens, ce qui représentait alors plus de 20% de la population. Ce sont surtout les personnes instruites qui ont été les plus touchées ; l’idéologie des Khmers rouges était de purifier le Cambodge de la perversion du savoir et du pouvoir (quelle ironie). L’interprétation était large puisque cela pouvait comprendre aussi bien les professeurs que les conducteurs de train, ou les personnes portant des lunettes ou possédant des livres. Les enfants étaient également visés. N’importe qui remettait en cause cette idéologie était tué sur le champ.

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C’est en tuktuk que nous arrivons au camp d’exécution de Choeung Ek, à une quinzaine de kilomètres du centre de Phnom Penh. L’entrée inclut une visite audio-guidée, qui rappelle les faits historiques avec l’arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh en avril 1975, mais par le biais duquel nous pouvons aussi entendre des témoignages de survivants… En ce lieu, plus de 17.000 personnes ont été exécutées froidement, puis jetées dans des fosses communes. D’ailleurs, non loin de certaines fosses, des bouts de vêtements et des ossements sortent encore de la terre. Nous pouvons même lire sur des panneaux « Ne marchez pas sur les os ». L’audio-guide nous explique également que les Khmers rouges n’utilisaient jamais des armes à feux pour tuer leurs victimes, les munitions étaient trop précieuses. A la place, ils utilisaient des haches, des marteaux, des faucilles… Ils leur arrivaient même de tuer leurs victimes en leur coupant les oreilles… Le parcours est extrêmement intéressant mais assez difficile psychologiquement. Alors que nous sortons du mémorial, nous n’échangeons pas un mot avec Charlène. Il n’y a de toutes façons pas grand chose à ajouter après une telle visite.

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Afin d’alléger un peu l’atmosphère, notre conducteur de tuktuk nous dépose au marché russe. Nous nous enfonçons à l’intérieur et il y fait de plus en plus étouffant. Les toits en taule accumulent la chaleur et les minuscules ruelles ne permettent pas vraiment à l’air de circuler. Nous nous asseyons pour manger un bon bol de « noodle soup » aux légumes. En prenant la direction de la sortie, nous tombons sur un stand de desserts cambodgiens. Impossible de savoir ce que c’est exactement : tout est très coloré, et les textures semblent bien gluantes, mais Charlène se laisse tenter. Bilan : une texture assez bizarre, certes, mais vraiment bon malgré tout !

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Après cela, nous nous séparons. Charlène décide de rentrer à la guesthouse et Marion part en direction du musée Tuol Sleng (appelé aussi Musée S-21).  En 1975, les Khmers rouges décidèrent de transformer le lycée en une prison de haute sécurité, aux murs infrangibles. Nous pouvons y observer des centaines et centaines de portraits de victimes décédées ici à la suite de tortures. Quand l’armée vietnamienne libéra la capitale en 1979, elle ne trouva que sept prisonniers vivants. Instruments de tortures, barbelés empêchant les évasions, cellules minuscules… La visite du musée est là encore assez éprouvante.

C’est donc à pied que Marion rentre à la guesthouse, histoire de bien ruminer tout cela. Le soir même, nous nous offrons un petit plaisir à quelques dollars : se faire masser les pieds pendant une heure par des malvoyants. Après une telle journée, nous supposons l’avoir mérité. Nous finissons la soirée en allant manger un petit bout sur une échoppe du marché. Ici, toute la famille met la main à la pâte. Ce sont les enfants qui assurent le service… Et quel service ! Ils sont vraiment mignons à regarder si la table est bien en place, si nous ne manquons de rien… Nous ne traînons pas trop, car demain une journée de tournage nous attend !

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À 10h00, nous sommes devant les bureaux de l’ONG Teuk Saat 1001. Dominique Dufieux nous présente les membres de l’équipe de Phnom Penh et nous explique le rôle de chacun. Nous interviewons pas mal de personnes, du responsable des finances au responsable des partenariats, mais aussi le responsable du laboratoire, la manager de la plateforme de Phnom Penh, etc. Vers midi, nous allons manger et revenons à 14h. Dominique nous emmène dans un petit village, à une heure de route en voiture, pour voir une installation de traitement UV. Nous filmons de chouettes images et poursuivons les interviews. A 17h30, nous sommes de retour à la capitale. Dominique nous conseille de nous rendre à Battambang si nous avons le temps, pour rencontrer Chay Lo, l’un des fondateurs de l’ONG. Nous prenons bonnes notes de tout cela et la remercions chaleureusement.

Demain, nous partons pour Sihanoukville et ses plages de sable blanc, au sud-est du Cambodge.

Pour regarder toutes les photos, c’est sur notre Flickr.

One Response to Grouillante Phnom Penh

  1. Gérard says:

    Particularité hydrographique remarquable, la rivière Tonlesap qui se jette dans le Mékong à Phnom Penh change de sens pendants la moisson sous la pression du Mékong gonflé par les pluies et les fontes des neiges. Et le lac Tonlesap triple de surface. C’est une belle histoire d’eau.
    PS: J’ai travaillé pendant un an dans le plus grand hôpital de Phnom Penh, tous mes amis médecins et infirmier(e)s ont disparu. Tous.

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