Trek des Annapurnas: quatrième partie

Trek des Annapurnas: quatrième partie

10ème jour

Après avoir passé trois jours entre Manang et Braga, nous sommes heureux de reprendre le trek, et sans faire demi-tour ! Nous quittons notre guesthouse vers 9h30 et prenons assez vite de la hauteur. Le temps est superbe, ciel bleu et grand soleil nous accompagnent dans notre ascension. En chemin, nous croisons quelques locaux qui partent aux champs avec leur yak. À chaque petite montée, le souffle se fait plus court. Marion a entamé la veille un traitement préventif contre le mal de l’altitude et cela semble marcher. Nous appliquons aussi les conseils des népalais : beaucoup de thé au gingembre et des soupes à l’ail. Et oui, de quoi fluidifier le sang ! Ça ne fera peut-être pas tout mais nous préférons mettre toutes les chances de notre côté.

L’environnement est maintenant très aride, seuls quelques arbustes résistent encore. Nous croisons un petit troupeau de chevaux. Ils ne sont pas bien gros ; en même temps, il n’y a pas grand chose à manger dans ces contrées ! Nous faisons une petite pause thé au village de Gunsang. La vue est absolument magnifique et le soleil vient nous caresser la peau. Nous sommes aux anges !

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La deuxième partie de la balade se fait très tranquillement. Il n’y a pas vraiment de gros dénivelés. Nous traversons d’immenses ponts suspendus. Charlène ne fait pas la fière mais dépasse ses appréhensions. Il est presque 13h et nous commençons tous à avoir faim. Nous posons nos sacs et commandons à manger. Nous attendons un bon moment ; comme toujours, les produits sont très frais et la préparation ne commence qu’une fois la commande passée ! Nous attendons à l’abri du vent, dans une salle où plusieurs queues de yak, qui portent apparemment bonheur, sont pendues un peu partout. Une fois notre estomac rempli, nous reprenons notre route jusqu’à Yak Karka, à 4050 mètres d’altitude. Bien qu’il n’y ait que deux établissements dans ce minuscule village, il y a pas mal de monde : des trekkeurs non accompagnés ainsi qu’un groupe de japonais. Nous retrouvons également quelques français, avec qui nous avions sympathisé lors de notre longue escale à Braga. Nous nous installons dans une chambre sommaire, faisons une petite sieste et allons savourer plusieurs thés au citron avec les autres, sans oublier nos soupes à l’ail.

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Bien que l’étape d’aujourd’hui ne semblait pas trop difficile sur le papier, l’altitude nous demande de gros efforts. Comme à notre habitude, nous ne nous faisons pas prier pour rejoindre notre lit dès 20h30. Demain, direction le base-camp à Thorong Phedi.

11ème jour

Réveillées à 6h45, nous avalons un bol de nouilles chinoises à l’ail (ça change), un thé au gingembre, et c’est parti pour Thorong Phedi ! La météo est toujours parfaite et personne ne souffre de l’altitude : le moral est au beau fixe. Nous avançons bien et atteignons le village de Leddar assez rapidement. Nous y faisons une petite pause pour avaler de nouveau un thé au gingembre et remplir nos gourdes. Nous apercevons un groupe de yacks sauvages sur l’autre versant de la montagne. Nous sommes étonnées par la capacité de ces gros animaux à se déplacer sur des terrains si raides. Néanmoins, un népalais nous assure qu’ils en retrouvent régulièrement au fond de la rivière.

Malgré le soleil, il ne fait pas chaud. À chaque petite pause, nous nous refroidissons très vite. Nous croisons un peu plus loin un petit troupeau d’antilopes des montagnes (elles ressemblent grosso modo à un petit chamois de chez nous). Puis, nous arrivons à un passage un peu critique : une zone à fort risque d’éboulements. Nous ne sommes pas du tout rassurées ; la peur d’une réplique du tremblement de terre nous trotte dans la tête. Nous augmentons d’ailleurs bien le rythme pour la traverser !

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À midi, nous touchons au but et atteignons le base-camp de Thorong Phedi (4500 mètres). Nous décidons d’y casser la croûte et nous nous reposons une petite heure. Le couple népalo-sud-africain qui tient le refuge possède deux énormes saint-bernards ! On dirait de grosses peluches et cela nous rappelle à tous un vieux film de notre enfance. La gérante nous raconte qu’ils ont eu beaucoup de chance lors de la première grosse secousse. Elle nous explique que le manteau neigeux est encore bien important pour la saison. Si une avalanche s’était déclenchée, elle aurait tout emporté sur son passage. Rassurant !

Vers 14h, nous décidons unanimement de continuer le trek jusqu’au high-camp, à 4850 mètres. Cela peut sembler paradoxal, mais nous nous sentons tous bien. Le refuge se situe à 1h – 1h30 de marche d’ici. La montée est vraiment dure et tout le monde tire la langue. Nous avançons vraiment doucement, pas à pas, et reprenons notre souffle toutes les cinq minutes. En prime, les restes d’une ancienne avalanche nous barrent complètement le chemin et nous obligent à escalader quelques rochers ! Mais 1h15 plus tard, nous arrivons à bon port.

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Après avoir pris possession de notre chambre, nous repartons marcher un petit peu pour atteindre un point de vue complètement enneigé, 100 mètres au-dessus du refuge. Les garçons, eux, préfèrent se réfugier au chaud. Nous nous disons que monter puis redescendre ne peut pas être mauvais pour l’acclimatation. Nous ne regrettons pas car la vue, là-haut, est hallucinante ! Nous y retrouvons d’ailleurs le groupe de japonais en train de faire quelques selfies ! Cependant, nous ne traînons pas car le vent s’est bien levé, il commence à faire vraiment froid, et nous sommes épuisées.

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À notre retour dans le refuge, nous retrouvons un peu par hasard Gilles et Agnès, un couple de français d’une soixantaine d’années, amoureux du Népal. Ils font eux aussi le trek, mais ils sont accompagnés d’un guide. Gilles prévoyait une ascension mais elle a été avortée avec le tremblement. Nous passons un excellent moment en leur compagnie. Nous prenons l’apéro avec eux. Benjamin nous fait la surprise de sortir un morceau de fromage de yak qu’il avait acheté à Manang et qu’il réservait pour cette occasion ; quant à Gilles, il nous sort sa bouteille de rhum. Bon, avec l’altitude et la fatigue, personne n’arrive à finir son verre ! Avant de tous aller nous coucher, Gilles et Agnès nous proposent de partir avec eux et leur guide le lendemain matin, pour effectuer l’ascension du col ensemble. Nous nous empressons d’accepter !

12ème jour

Nous dormons tous extrêmement mal. Marion, à cause de l’altitude, ne ferme quasiment pas les yeux de la nuit. Elle est au bord de la crise d’angoisse mais heureusement, Charlène arrive à la calmer.

Après un petit-déjeuner à moitié avalé (les mecs du refuge nous ont servi après tous les groupes), nous rejoignons Agnès et Gilles. Leur guide les a chaussé de crampons. Nous commençons à nous dire que nous avons peut-être sous-estimé le manteau neigeux. Mais nous avons malgré tout de bonnes chaussures, de bons pantalons, des sous-vêtements techniques, des duvets, des bâtons de marche, des guêtres, etc.

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Nous partons à l’aube, dans une ambiance polaire. Il fait -18°c et malgré toutes nos couches de vêtement, nous avons froid. C’est surtout ce vent fort et incessant qui nous glace littéralement. Nous marchons à petits pas et essayons de ne pas trop nous arrêter pour ne pas geler sur place. À 5000 mètres, nous faisons une photo de groupe pour marquer le coup. Il ne nous reste « que » 416 mètres de dénivelé. Alors que nous repartons, Charlène dit à Marion qu’elle n’a pas son portefeuille et qu’elle l’a peut-être oublié au high-camp. Il est hors de question de faire demi -tour. Nous espérons juste que ce foutu portefeuille est caché au fin fond de son sac, et nous continuons à avancer.

Les premiers rayons de soleil arrivent et illuminent tout doucement les pics enneigés. Petit à petit, les couleurs changent. L’instant est magnifique et nous sortons nos appareils photo (pas bien longtemps, nous avons peur qu’ils gèlent) ! Nous repartons à l’assaut du col ! Agnès commence à avoir vraiment mal à la tête et Marion a l’impression d’avoir perdu un poumon. Seuls Charlène et Lazslo se sentent vraiment bien… Les chanceux ! Malheureusement, le ciel commence à se couvrir dangereusement. Il ne faut pas prendre ces changements à la légère à cette altitude; surtout que près de 60 personnes sont mortes de froid au niveau du col en octobre dernier, coincées dans une immense tempête. Le guide de Gilles et Agnès nous demande d’accélérer le rythme, et il n’a pas besoin de le dire deux fois !

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Trois heures après le départ, nous voilà au sommet ! Nous sommes tous super heureux et fiers. Nous posons pour quelques photos au milieu des drapeaux népalais qui claquent et dispersent leurs prières dans le vent. Ce dernier nous cingle le visage, nous sommes gelés et la météo est toujours un peu menaçante. Charlène retrouve entre temps son portefeuille: c’est un soulagement! Nous amorçons la descente et quelques minutes plus tard, le ciel se dégage et nous gratifie d’un beau ciel bleu. Nous ralentissons le pas et profitons d’une vue parfaite sur les glaciers environnants. C’est immense, nous sommes cernés par des montagnes d’un blanc étincelant. Nous quittons le petit sentier enneigé pour un autre bien boueux : nous amorçons maintenant une descente de 4h (1700 mètres de dénivelé négatif). Ça fait mal aux genoux ! Charlène est triste de déjà redescendre et ne peut s’empêcher de jeter des regards en arrière, vers ce fameux toit du monde.

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Après avoir enfin trouvé un endroit où nous restaurer, nous reprenons la marche et arrivons à Muktinath, une importante ville de pèlerinage pour les hindous et les bouddhistes. Nous sommes tous cassés et exténués. Nous trouvons une guesthouse avec eau chaude… après 4 jours sans douche, c’est un bonheur de se sentir propre ! Le soir, après un bon repas, nous avons la chance de pouvoir observer un magnifique ciel étoilé sur la terrasse. La quasi pleine lune se dresse juste au-dessus du Dhaulagiri, illuminant ses 8 167 mètres de hauteur et la chaîne qui en découle. On croirait à un faux décor tellement c’est beau !

Pour voir toutes les photos, c’est ici!

One Response to Trek des Annapurnas: quatrième partie

  1. Maxence says:

    Salut Charlene, j’ai enfin pris le temps d’aller voir votre blog ! Tres beau projet, j’ai parcouru vite fait, belles photos egalement, notamment celles des Annapurnas, à bientôt ! Max

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