Fin du trek, répliques de tremblement et humanitaire à Pokhara

Fin du trek, répliques de tremblement et humanitaire à Pokhara

13ème jour :

Après avoir passé le fameux col du Thorong La, nous arrivons à Muktinath, haut site de pèlerinage hindou et bouddhiste. Nous décidons d’aller visiter cet endroit sacré, surplombant cette ville située à 3710 mètres d’altitude. Nous y croisons Gilles et Agnès, accompagnés de leur guide. Ce lieu comprend beaucoup de temples, à la fois bouddhistes et hindouistes. De nombreux sâdhus sont installés vers l’entrée, ils psalmodient des mantras tout en faisant l’aumône. Le guide de Gilles et Agnès nous explique qu’il faut parfois se méfier : ils ne sont pas tous réellement dévoués à la spiritualité… Nous montons jusqu’en haut du site ; nous arrivons dans un espace où se trouvent deux bains ainsi que 108 fontaines. Les pèlerins passent sous chaque douche dans l’espoir de mettre fin aux cycles des réincarnations et d’être ainsi libérés. Bon, à cause du tremblement de terre, il n’y a absolument personne, nous n’avons donc pas pu être témoins de ce beau rituel… Mais nous vous laissons l’imaginer.

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Aux alentours des 11h, nous retournons à la guesthouse afin de reprendre nos sacs. En effet, nous décidons de ne pas trop nous attarder et de rejoindre la ville de Jomsom. Nous espérons obtenir davantage de renseignements sur le tremblement de terre et ses répliques. Plus d’une semaine après, nous ne savons toujours rien ! Sur ce versant-là de la montagne, les paysages sont totalement différents. Nous avons vue sur la fameuse région du Mustang. Tout est très aride ; nous observons également un magnifique canyon dans la vallée en contre-bas, avec des formations rocheuses particulières, nous faisant penser à celles du nord de l’Argentine. Nous croisons quelques bergers avec leurs troupeaux de moutons, qui nous indiquent très gentiment la route en direction de Jomsom. Pendant 1h30, nous traversons un lit de rivière asséché et donc bien caillouteux. C’est fatal pour nos pieds qui commencent à sérieusement souffrir. Une scène impressionnante et répugnante nous distrait un peu : un énorme vautour se délecte du cadavre d’une chèvre, et il est encore plus gros qu’elle !

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Nous ne sommes pas mécontents d’arriver à Jomsom. Nous nous rendons enfin compte des dégâts causés par le tremblement de terre : des maisons à terre, des routes effondrées, des ponts impraticables… C’est étonnant car seule une petite partie de la ville est touchée ! Nous finissons par poser nos sacs à l’endroit où Gilles et Agnès se sont installés. Après une bonne douche chaude, nous partons nous promener avec Charlène, mais le temps déjà bien couvert nous gratifie d’une jolie pluie. Tant pis, nous retournons dans notre chambre. Les garçons nous apprennent alors qu’ils arrêtent le trek ici et qu’ils viennent d’acheter leur billet d’avion pour rejoindre Pokhara dès le lendemain matin. Ils craignent les répliques et souhaitent rentrer rapidement. Nous sommes un peu déçues. Du coup, nous décidons nous aussi de quitter Jomsom le lendemain et de prendre le bus, direction Tatopani (qui veut dire « eau chaude » en népalais). Bien que nous ayons nous aussi hésité, nous n’avons aucune envie d’abréger notre découverte du Népal. Nous partageons un dernier repas avec les garçons, Gilles et Agnès, et fêtons ces merveilleux moments que nous avons passés ensemble.

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Le lendemain matin, le réveil sonne à 7h. Nous sommes épuisées. Avec la fatigue, tout nous semble compliqué et long. Notre bus local est à l’heure (ce qui en soi, est un miracle). On nous fait payer le prix occidental, mais nous n’avons pas du tout la force de marchander. Nous nous installons à notre place et le bus démarre. Très honnêtement, les transports népalais sont peut-être pires que les bus boliviens. Le trajet est épique. Le bus suit une route en terre complètement défoncée, bordée d’un énorme précipice. Marion crie plusieurs fois « maman », alors qu’elle est habituée aux routes de montagne ! Malgré cela, nous admirons aussi les magnifiques paysages. Ils se parent de nouveau d’un vert chatoyant et le climat devient plus tropical à mesure que nous descendons. Nous arrivons à Tatopani après 4h30 de tape-cul. Nous trouvons une jolie guesthouse avec un superbe jardin. Nous repartons directement manger un gros dal bhat, suivi d’une petite sieste réparatrice. Après ce petit somme, nous partons nous balader le long de la rivière, où se trouvent les fameuses sources naturelles d’eau chaude. Nous irons les tester le lendemain !

14ème jour :

Nous nous levons avec un magnifique soleil. Afin de ne pas perdre les bonnes habitudes, nous partons nous balader dans les alentours, vers le petit village de Narchyang. Nous commençons la balade très tranquillement, en longeant une rivière. Nous traversons un village composé d’une vingtaine de maisons en pierre. Il y a des cultures de maïs, de blé, de pommes de terre, et plusieurs élevages de chèvres et de buffles. Ensuite, les choses sérieuses commencent : nous débutons l’ascension d’un petit escalier, à flanc de montagne. Nous n’en voyons pas la fin et commençons à désespérer… Marion propose de faire demi-tour, Charlène hésite. Heureusement, nous croisons à ce moment-là une petite dame portant une charge de feuillage plus grosse qu’elle (nourriture pour les chèvres). Elle nous affirme que Narchyang n’est plus très loin.

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Cela nous remotive ! Peu après, nous croisons de nouveau une personne ; cette fois-ci, c’est une très grande pierre, ressemblant un peu à de l’ardoise, qui est transportée. Cette pierre est calée sur le dos et est maintenue grâce à une sangle maintenue sur le front du porteur. Peu à peu, nous croisons de plus en plus de personnes transportant ces énormes pierres ; ils doivent être en train de construire un bâtiment, tout le village s’y met ! Nous cessons de râler après ces maudits escaliers, et sommes tout à fait subjuguées par les prouesses de ces villageois. Même les vieilles personnes montent et descendent, chargées comme des mules. Quelle organisation et quel courage!

Trente grosses minutes plus tard, nous y voila. Nous avons une très jolie vue sur la vallée, mais pas de chance, la vue sur les montagnes, dont le Dhaulagiri et le Manaslu, est complètement bouchée ! Nous mangeons sur place, dans l’unique et seul « restaurant ». Pour le coup, nous ne pouvions pas faire plus local. Nous finissons par descendre de notre montagne. Le soir, nous discutons d’un point crucial : voulons-nous continuer le trek ou rentrer en bus ? Charlène se sent encore d’attaque mais Marion n’en peut plus, elle est vidée de toute énergie. Nous prenons alors la décision d’arrêter le trek des Annapurnas ici.

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Le lendemain à 8h, nous attendons notre petit bus. Nous devons aller jusqu’à Beni, puis changer de bus et rejoindre Pokhara. Plus ou moins 8h de trajet nous attendent pour un peu plus de 120 kilomètres. La route nous semble encore plus chaotique que la dernière fois. Un français installé juste devant Marion se cogne la tête plusieurs fois au plafond (il faut dire qu’il est très grand). Nous arrivons à Pokhara saines et sauves, mais le dos en compote ! En traversant une partie du quartier de Lakeside, nous nous rendons compte que la ville n’a quasiment pas été touchée par le tremblement de terre. Nous retournons dans la guesthouse où nous avions laissé une partie de nos affaires avant de débuter le trek. Malheureusement, nous choppons des puces de lit dans la nuit ! Un vrai cauchemar !! Nous nous retrouvons avec plus de 80 piqûres sur le corps, ça gratte atrocement. Nous changeons d’hôtel et lavons nos vêtements plusieurs fois.

Quelques jours plus tard, nous mangeons tranquillement dans un petit restaurant en face de chez nous, quand une deuxième grosse secousse se manifeste. Nous entendons le toit en taule trembler ! Nous courons dehors avec la petite mamie du restaurant. Nous nous serrons toutes les trois, en rigolant nerveusement. La terre bouge vraiment très fort sous nos pieds, les immeubles tanguent, les gens crient dans la rue. Cela dure peut être trente secondes, ce qui est très long, puis le calme revient. Une autre minuscule provoque de nouveau des cris, mais ça ne dure pas.

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Nous sommes tous un peu abasourdis et sous le choc : nous pensions que c’était fini. Une fois notre repas avalé, nous rejoignons vite notre chambre et nous connectons à internet : la réplique était de 7,4. Nous avions prévu de partir en trek le lendemain mais nous écoutons les conseils : rester quatre à cinq jours sur place par sécurité.

Le lendemain, nous allons tourner le reportage sur les initiatives locales pour avoir accès à de l’eau potable au Népal. Nous travaillons cette fois-ci conjointement avec l’ONG Kanchan Nepal. Nous partons dans deux villages de montagne bénéficiant du programme « blue school ». Un système de récupération d’eau de pluie a été mis en place sur les toits des écoles. Ainsi, les élèves ne sont plus obligés d’aller chercher de l’eau à plusieurs kilomètres sur leur temps scolaire. Ils ont aussi désormais des toilettes, autre point fondamental. Nous interviewons chacun des acteurs sur place, qu’il s’agisse des professeurs ou des élèves.

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La semaine suivante, suite à cette autre forte réplique, nous devenons volontaires dans une association locale soutenant les villages touchés par le tremblement. Nous avions repéré cette ONG depuis un petit moment, et le fait d’être « coincées » à Pokhara nous motive à grossir leurs rangs. Nous empaquetons des paquets de nourriture, des médicaments et des tentes de secours. Nous rencontrons alors de très chouettes personnes : françaises, autrichiennes, anglaises, sud-africaines… Voir tous ces gens travailler ensemble, dans la bonne humeur, est un moment très riche humainement. Nos journées sont donc ponctuées d’aller-retours à l’association et de retrouvailles nocturnes avec les bénévoles. Rester à Pokhara nous permet aussi d’étoffer nos relations avec les népalais, notamment avec la famille chez qui nous mangeons chaque jour. Notre apprentissage de la langue s’améliore d’ailleurs un peu !

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Quasiment trois semaines après, aucune autre grosse réplique n’a eu lieu. Il ne nous reste qu’une semaine au Népal, nous levons donc les voiles pour le Panchase Trek, autour de Pokhara. Nous disons au revoir à nos amis de l’ONG, préparons nos sacs et partons à pied en direction de Sarangkhot. Nous avons déjà fait cette petite rando au début de notre séjour népalais. La vue sur la chaîne des Annapurnas est magnifique et ça vaut le coup d’y passer la nuit ! Cela dit, la mousson arrive et nous offre un orage incroyable ; nous ne sommes pas toujours rassurées !

Le lendemain, après trois heures de marche, nous nous arrêtons manger dans le village de Nahundanda. Après avoir marché quelques instants sur une route où les camions ne cessent de klaxonner, nous optons pour le bus afin d’éviter la partie bitumée. Nous continuons ensuite à pied, et rejoignons le petit et joli village de Bhadaure, perché sur les crêtes des montagnes. Au loin, nous pouvons apercevoir le lac de Pokhara. Depuis quelques jours, les orages de mousson arrivent à partir de 17h ; ce soir ne déroge pas à la règle et nous avons le plaisir d’observer des éclairs magnifiques se dessiner dans le ciel, juste au-dessus des Annapurnas. Parfois, les hauts sommets se découvrent et sont même éclairés par le soleil, alors que nous sommes entourées de nuages très noirs. Les nuances sont incroyables !

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Le lendemain matin, nous renfilons nos chaussures. L’objectif de la journée est d’atteindre Panchase. Nous montons de (trop) nombreux escaliers en pierre, en redescendons et en remontons à nouveau ; c’est sans fin ! Les paysages sont magnifiques et la balade agréable, malgré la chaleur. Nous nous arrêtons dans l’une des trois guesthouses du village, tenue par deux sœurs. Nous y rencontrons Mariano, un photographe argentin. Nous convenons d’effectuer le reste du trek ensemble. Nous mangeons tous ensemble, avec les deux sœurs, au sein de la cuisine. Évidemment, c’est le traditionnel dal bhat au menu ! Le jour suivant, nous nous levons tôt, à 5h30, pour monter au Panchase Hill, avant de continuer le trek avec Mariano. Durant 1h30, la montée se fait toujours via des escaliers bien raides ; nous avançons en nous disant que nous nous musclons les fesses (on s’encourage comme on peut) ! Une fois arrivées là-haut, nous sommes un peu déçues car la vue n’est pas très dégagée. Nous redescendons assez vite ; au retour, nous prenons un thé avec notre ami argentin et reprenons la route ensemble.

Nous suivons la route indiquée par plusieurs népalais, mais les indications données ne collent pas et nous nous rendons vite compte que nous nous sommes perdus. Nous avançons depuis deux heures sans trop savoir où nous allons. Heureusement, des enfants courent à notre rencontre et nous invitent à prendre un thé chez eux. Nous acceptons et espérons savoir où nous sommes. À l’aide d’une carte, la famille nous montre où nous nous trouvons… plus ou moins à l’opposé de notre destination ! Nous sommes contraints de redescendre dans la vallée, pour remonter ensuite et passer de l’autre côté de la montagne… Nous sommes assez démotivés, mais pensons encore que cela est faisable. Alors que nous descendons, nous traversons un charmant village. Nous faisons une pause juste à côté de l’école. Cette dernière a été très endommagée par le tremblement de terre et des tentes d’urgence ont été construites à l’extérieur afin de continuer les cours. Plusieurs hommes sont en train de travailler à la rénovation de l’école. L’un d’eux nous explique que ce sont les villageois qui viennent aider, chacun leur tour, sur leur temps libre. L’esprit d’entraide est incroyable. Alors que la cloche sonne la fin de la récréation, nous quittons l’école et reprenons notre descente.

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Une fois en bas, nous sommes bien fatigués (toujours à cause des ces escaliers qui nous cassent les pattes). Une fois dans la vallée, nous mangeons un bout dans un petit restaurant et réfléchissons à la suite du trek. Mariano pense que c’est possible, mais il est 15h, et il reste plus de quatre heures de marche. Nous nous imaginons déjà en train de marcher au milieu de nul part sous un orage de mousson. Du coup, c’est à regret que nous décidons d’arrêter le trek ici, après trois jours de marche. Nous prenons un bus local en direction de Pokhara. Nous arrivons à notre guesthouse sous un orage de mousson monumental qui nous console un peu quant à notre décision !

Il nous reste deux jours avant de partir pour Katmandu. Nous en profitons pour faire quelques achats personnels. Plutôt que de rentrer directement sur la capitale et d’y zoner, nous décidons de nous arrêter deux jours dans le petit village de Bandipur, dont nous avons entendu le plus grand bien !

Let’s go !

Pour voir toutes les photos, c’est ici!

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