Le Machu Picchu et les eaux chaudes de Santa Teresa

Nous arrivons à Cuzco à 7h du matin, après une petite nuit de bus. Le paysage est totalement différent de ce que nous avons connu jusqu’à maintenant: plus montagneux, et surtout, plus vert! Après un petit-déjeuner à « Atawkama Hostel » (que nous recommandons pour son charme et son calme ), nous ne traînons pas et décidons de nous mettre tout de suite en quête du saint Graal: le billet pour le Machu Picchu. En effet, nous avons eu la bonne idée de regarder la météo la veille, et les deux seuls jours de beau temps prévu sont le vendredi et samedi! Nous nous dirigeons vers le ministère de la Culture, histoire de ne pas se faire arnaquer par les agences locales, où les prix sont exorbitants pour des prestations souvent très limites! Arrivés au guichet, nous demandons un billet « Machu Picchu + Wayna Picchu ». La dame nous répond alors qu’il n’y a plus aucun billet de disponible jusqu’au 26 octobre 2014 ! De plus, elle nous informe qu’il n’est pas possible de se procurer l’entrée depuis Cuzco. On est bien étonnés et déçus de s’être rendus jusque-là pour rien.

De retour à l’hostel (entre hôtel et auberge de jeunesse), nous demandons l’avis du réceptionniste. Il contredit totalement les informations données au ministère. Nous revoilà donc à chercher le meilleur moyen de nous y rendre (c’est-à-dire le moins onéreux pour notre portefeuille). Après quelques heures, nous tombons d’accord: nous allons prendre un bus jusqu’à Hidroelectrica. Il s’agit quand même de 8h de trajet, dont 2h sur un petit chemin, pour faire seulement 120 kilomètres ! Ensuite, nous décidons de marcher en suivant le chemin de fer et d’éviter le train touristique hors de prix (environ 200$), pour rejoindre le camping municipal d’Aguas Calientes, situé juste en dessous de l’ancienne cité. Au total, on s’en sort pour 64 euros, ce qui s’avère être une très bonne affaire.

Le jour J, le trajet est un peu long mais nous commençons à être habitués. Bon, nous avons eu quelques petites frayeurs sur la piste, notamment la traversée d’un pont en bois à la solidité fort douteuse. Sans parler des falaises vertigineuses que nous frôlons… mais au moins, nous voyons magnifiquement bien le paysage.

Arrivés à Hidrolelectrica, nous longeons les rails du train comme prévu, 12 petits kilomètres nous séparent du camping. La ballade est vraiment jolie, et nous ne croisons pas trop de monde. Alors que nous ne sommes pas si loin de Cuzco, le climat a complètement changé : il est devenu semi-tropical. La jungle nous entoure et il fait très chaud. De magnifiques fleurs très colorées détonnent au milieu de toute cette verdure. Comme toujours, nous sommes accompagnés d’un nouveau guide à 4 pattes. Au tiers de cette rando, nous passons un immense pont en fer, plutôt rouillé; nous ne sommes franchement pas rassurés, les plaques en fer bougent sérieusement sous nos pas! Nous poussons un petit « ouf » de soulagement lorsque nos pieds rejoignent la terre ferme. En chemin, deux autres petits chiens décident de faire le reste de la route avec nous. Nous hâtons un peu le pas, histoire de ne pas avoir à monter les tentes dans la nuit noire.

Nous arrivons bien à temps au camping. Ce dernier est plaisant: il est sommaire, ce qui nous convient tout à fait, et il y a très peu de monde (vive la basse saison). Par ailleurs, nous avons accès à des douches et sanitaires plutôt propres (l’eau y est froide, mais ça c’est normal). Nous sommes accueillis par une horde de chiens que nous apprendrons à connaître pendant ces deux jours. Nous plantons nos tentes, en poussant comme nous pouvons les chiens qui se couchent carrément sur les toiles extérieures, quand ce n’est pas sur nos sacs. Ensuite, repos! Enfin, apéro… La petite dame du camping va nous chercher des bières pendant que l’on sort l’attirail du campeur : réchaud, bonbonne de gaz, etc. Au menu, ce soir, nouilles chinoises! Nous ne tardons pas à nous calfeutrer dans nos tentes. En effet, le réveil sonnera à 4h le lendemain matin afin de pouvoir observer le lever du soleil sur le Machu Picchu, et puis pour profiter au maximum du beau temps matinal.

Comme vous pouvez l’imaginer, le réveil est difficile, mais la motivation est là! Nous sommes dans les 15 premiers devant les grilles, elles ouvrent à 5h! À 5h10, nous voila en train de gravir les centaines et centaines de marches à l’aide de nos lampes frontales! Alors que Jo et Thomas partent devant, Marion (encore une fois) maudit les Incas d’avoir bâti cette ville sacrée si haut! 1h10 plus tard, nous sommes malgré tout devant l’entrée! Quelques minutes d’attente et nous voilà sur le site. Nous nous dépêchons d’atteindre la petite colline afin de pouvoir faire des photos avant que les hordes de touristes (que nous sommes) n’envahissent les lieux. Finalement, la vue mérite amplement l’effort, c’est magnifique et l’instant est (une fois de plus) magique!

Toutefois, nous ne nous attardons pas. Après quelques photos, nous décidons d’aller directement à la « Montagne », située juste à côté. Apparemment, la vue sur les vallées entourant le Machu Picchu est splendide. Pourtant… nous n’atteindrons jamais le sommet, les marches ayant eu raison de notre motivation, de nos genoux et de nos chevilles! Seul Jo décide de continuer jusqu’en haut. En l’attendant, nous redescendons sur le site. Tandis que Charlène pique un petit somme sur un coin d’herbe (les réveils à 4h ne sont pas son fort), Marion lit le Lonely Planet au soleil. Nous saisissons la chance que nous avons puisque, la veille, un couple de français nous ont raconté leur visite ponctuée de pluie. Lorsque Jo revient 1h30 plus tard de son ascension, nous sommes tous exténués et affamés! La montagne ça creuse (et ça fait mal aux jambes)! Après un petit en-cas, nous parcourons cet endroit incroyable de long en large et en travers. Nous sommes subjugués par la beauté du site mais aussi par la connaissance des Incas en matière de construction anti-sismique et d’irrigation, surtout à une altitude pareille. Découvert en 1911 par un américain, les origines de cette cité Inca reste encore actuellement un mystère. Plusieurs théories sont avancées : entre centre administratif, lieu de culte hors pair, royaume de l’Inca…les historiens n’arrivent pas à s’accorder ! Tout y est impressionnant et incroyablement bien entretenu.

Vers 14h, nous amorçons la descente des marches jusqu’au camping. Après une bonne douche froide, nous allons jusqu’à Aguas Calientes : une ville où il n’y a rien à voir à part des hôtels et des restaurants… avec des happy hours qui durent toute la journée, et où un cocktail en vaut 4! Ils savent comment nous appâter… Mojitos et Pisco Sour pour tout le monde! Petite anecdote avant de clore cette journée : durant l’ascension de la fameuse « montagne », alors que nous venons d’abandonner et que nous redescendons, nous croisons un couple de français d’une soixantaine d’année qui monte, et qui ont l’air d’en baver. Nous leur glissons un « bon courage », tout en pensant qu’ils n’arriveront jamais là haut. Coïncidence, nous les recroisons à la terrasse du restaurant où nous sirotons nos mojitos. Nous apprenons alors qu’en plus d’être arrivés en haut sans trop de difficultés, ils sont allés ensuite jusqu’au pont de l’Inca. C’est notre ego qui en a pris un coup !!

Le soir-même, nous nous couchons avec les poules, aux alentours de 19h30. Demain, c’est retour sur Cuzco! Enfin, théoriquement…

À 14h, nous sommes au point de rendez-vous pour prendre notre mini-bus. Pourtant, 2h30 plus tard, nous n’avons pas bougé, et en prime, nous ne sommes sur aucune liste (car chaque minibus a la liste des personnes à prendre)! Très peu de bus viennent à nous. La cause : les élections régionales! Finalement, après d’âpres négociations, un « collectivo » nous amène jusqu’à la ville voisine de Santa Teresa, où, selon un guide, « tout est coordonné, un bus vous attend là-bas pour rentrer ». ERREUR! Arrivés au village, aucun bus ne nous attend! Nous sommes coincés avec des dizaines d’autres touristes! Après encore 1h30 d’attente, on comprend assez vite que l’on va devoir passer la nuit ici. Un mal pour un bien puisque le lendemain, notre bus est à 15h, ce qui nous laisse le temps de profiter des sources d’eaux chaudes du coin. 3 piscines à plus de 35° dans un cadre sublime. L’eau y est transparente puisqu’elle est renouvelée chaque jour par la bonté de la montagne, aucun traitement n’y est nécessaire. La roche descend dans les bassins, un tapis de pierres polies jonchent le sol. Nous sommes aux anges !

À 15h, nous quittons définitivement le Machu Picchu et Santa Teresa, fatigués mais des étoiles pleins les yeux!

Pour le reste des photos (attention elles sont nombreuses), c’est ici!